Alors que l’Internet est encore balbutiant, le collectif de médias tactiques américain Critical Art Ensemble (CAE) fondé en 1987, qui opère au croisement de l’art, de la technologie et de l’activisme politique, fut le premier à conceptualiser l’idée de « désobéissance civile électronique », conscient que le capitalisme dans un monde postindustriel était d’abord celui des flux.
« La résistance au pouvoir nomade se joue dans le cyberespace et non dans l’espace physique », écrit le CAE, dans son manifeste fondateur The Electronic Disturbance (1994). « Autrefois on affrontait l’autorité de la rue par les manifestations et sur les barricades ; aujourd’hui il faut affronter l’autorité de l’espace électronique par la perturbation électronique ». Pour le CAE, le blocage électronique peut causer un stress financier que le blocage physique ne permet pas et il peut être utilisé au-delà du niveau local.
Plutôt que de chercher à créer un mouvement de masse, les activistes du CAE envisageaient cette désobéissance civile électronique comme des interventions ponctuelles et disséminées dans les médias, sur le mode de la guérilla online, en perturbant les canaux d’information.